La K.R.Ä.T.Z.Ä est un collectif de Berlinois anti-âgiste qui s'est attaqué à l'éducation dans son concept lui même. Sans concession, ce texte décrypte avec finesse de nombreux problèmes profonds qu'engendrent l'éducation. On y parle de relation égalitaire entre adulte et enfant, on y parle de modèles défaillants, on y parle d'autodétermination. Un BINGO! vous est proposé suite au texte pour jouer avec quelques phrases s'inscrivant dans des rapports d'oppression âgiste.

Dans cet article

On a l’habitude de voir le masculin absorber grammaticalement le féminin. Ici, le féminin et le masculin sont employés de manière aléatoire, ceci dans le but de conserver une lecture fluide tout en neutralisant la langue.

La violence n'est pas innée chez l'homme. Elle s'acquiert par l'éducation et la pratique sociale.

Françoise Héritier, Le Monde de l'éducation (2001)

Note de Second Souffle

En lisant le livre La domination Adulte de Yves Bonnardel, je suis tombé sur le collectif K.R.Ä.T.Z.Ä. Ce collectif Berlinois, principalement composé de mineures, m’a totalement retourné.
Combattant pour le droit des enfants, ce collectif a notamment lutté contre la scolarisation, pour le droit électoral des mineures, pour l’indépendance matérielle des enfants et… contre l’éducation.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en lisant ce texte et cela fait des années que je suis impliqué dans l’éducation. Je travaillais déjà depuis plus de dix ans sur ma posture, les questions de contrat social, etc.
Des années également que je donnais de la formation et que je me confrontais à la difficulté de clarifier un propos.

En lisant ce texte, ce fut une révélation. Ce texte attaquait avec clarté l’éducation traditionnelle ainsi que l’éducation dite “anti-autoritaire”. Elle prenait le problème à la racine, l’envie d’imposer sur autrui une morale et une partie des moyens mis en œuvre pour y arriver. De manière paradoxale, j’ai beaucoup fait circuler ce texte dans des cercles éducatifs et je l’ai également utilisé en formation.
Ce texte m’a également énormément aidé à clarifier une question qui était déjà centrale pour moi : la question des limites. Ce texte propose une différenciation entre limite défensive et limite agressive, et cette différenciation est devenue un des mes outils centraux de réflexion autour du cadre.

Dès que nous avons créé une édition à Second Souffle, il m’a paru indispensable d’y faire apparaître Éduquer est ignoble. Dans cette édition, nous avons utilisé la traduction d’Yves Bonnardel présente sur le site de la K.R.Ä.T.Z.Ä.
Nous nous sommes permis de neutraliser le texte et d’ajuster quelques formulations.

Éduquer est ignoble - version française

Chère lectrice, cher lecteur,

Tu t’apprêtes à lire notre texte fondamental contre l’éducation. Il nous est tout à fait clair qu’il s’agit d’un thème qu’on affronte difficilement. Certaines constatations ou affirmations paraîtront peut-être d’abord assez dures. Mais ayez le courage d’une autre lecture ! Nous essayons d’expliciter tout ce que nous pensons. Nous ne tenons pas la définition de l’éducation dont nous partons dans ce texte pour méchante — comme certains pourraient le penser — et nous ne voulons pas offenser qui que ce soit. Allons !

Nous refusons toute forme d’éducation — y compris sa variante antiautoritaire. Sous le terme “éducation”, cependant, nous ne comprenons évidemment pas tous la même chose. Pour éviter des malentendus, nous définirons avant tout cette notion.

L’éducation est une activité systématique (intentionnelle) et exercée dans un but précis de formation des personnes, le plus souvent jeunes. L’éducation n’est pas “naturellement” présente dans toute communication, dans toute influence, mais seulement si l’une se pose supérieure à l’autre et pense pouvoir ou devoir le tirer vers un objectif. Dans l’éducation on trouve toujours un sujet d’éducation et un objet d’éducation, un tirant et un tiré, l’éducatrice et l’élève, un haut et un bas.

L’éducation signifie que des adultes réalisent leur vision de comment doit être un enfant – si nécessaire contre la volonté de l’enfant. L’éducateur essaie de faire en sorte que l’enfant atteigne, en un temps fixé par lui, les buts fixés par lui. Elle établit des propositions et des interdictions et s’occupe de leur suivi en employant des moyens coercitifs et la menace. C’est sans aucun doute une forme de la violence. Ainsi, le discours sur une “éducation non violente” est déconcertant et erroné.

L’éducation ne respecte pas les jeunes personnes. Elle se donne le droit de changer les gens. L’éducatrice essaie de réprimer des qualités de l’élève qu’elle regarde comme négatives, pendant qu’elle veut renforcer les qualités “positives”. Elle veut décider ce avec quoi l’enfant est en contact. L’éducateur croit qu’il agit dans l’intérêt de l’enfant, de même que les seigneurs coloniaux autrefois aussi croyaient ou affirmaient agir dans l’intérêt des colonisés.

L’éducation est une affaire de manipulation. Une éducatrice part de la représentation que les enfants sont malléables. Une telle présentation de “malléabilité” contredit l’esprit d’une démocratie libre. Dans le livre L’anti-pédagogie : des études pour l’abolition de l’éducation, le partisan de droits des mineurs Ekkehard Von Braunmühl écrit : « le droit d’améliorer d’autres personnes, de les changer, ne peut coexister d’aucune façon avec les idées de tolérance, de respect, de confiance. On ne peut en aucun cas parler de démocratie. »

L’éducation est toujours antidémocratique. Simplement déjà se fixer un but que l’enfant doit atteindre est non démocratique. L’éducation prétendument antiautoritaire elle aussi s’exerce dans le but déformer de jeunes personnes ; elles doivent devenir particulièrement critiques de l’autorité. L’éducation est toujours pensée du haut en bas — hiérarchiquement.

Deux moyens d’éducation essentiellement sont à la disposition de l’éducateur : la séduction d’une part (le détournement, la duperie, la corruption, etc.) et le chantage d’autre part, donc l’intimidation par la menace et le fait de causer du tort.

L’éducation et son arrière-plan théorique “pédagogique” regardent les enfants comme des objets, comme un matériel humain à former. Cependant les enfants ne sont pas des objets. Les enfants sont des sujets, des êtres vivants autonomes comme toutes les personnes —, et cela dès le début. En conséquence, on doit aussi présenter la relation aux enfants. Le fait que des capacités déterminées leur fassent encore défaut (la prétendue capacité d’exécution), ne constitue pas un problème fondamental. Si elles sont dans l’incapacité de faire quelque chose, les personnes âgées ne sont pas “élevées” pour autant, mais au contraire justement on les aide. L’éducation est caractérisée par la manipulation. Dans la pratique, l’éducation signifie souvent que des enfants doivent aller se coucher à un moment choisi par l’éducateur, ne peuvent peut-être pas rencontrer certains amis, doivent dire “Merci” et “s’il vous plaît”, ne peuvent parler que sur invitation, doivent rendre visite à la grand-mère ; elles doivent manger ensemble avec les parents ou au contraire s’en voient interdites pour des raisons éducatives, ils doivent ranger leur chambre d’après les souhaits de leurs parents, se coiffer, s’habiller d’après le goût des parents et se conduire ainsi que les parents le veulent, afin qu’elles fassent bonne impression à la famille et aux connaissances (le symbole de standing que constitue l’enfant bien élevé). Cette énumération peut être continuée à volonté. Ce qui est ici décisif, ce n’est pas si ces actions sont rationnelles ou non, mais le fait qu’aucun choix n’est laissé à l’enfant. D’adultes égaux en droits on n’exige pas tout cela, et cela ne viendrait pas à l’idée de l’exiger.

Mais pourquoi les parents font-ils tout cela ? Est-ce qu’une vie commune égalitaire, libre d’éducation, ne serait pas pour les deux côtés fondamentalement plus agréables ? La folie éducative conforme de nombreux parents trouve son origine dans la supposition que les enfants ont besoin d’éducation. Aussi répandue cette supposition soit-elle, elle est fausse. Beaucoup de gens confondent éducation et apprentissage. L’éducation est organisée par l’éducateur. L’apprentissage est au contraire une activité de l’enfant. Il explore son environnement, prend des informations. L’enfant est le sujet de son apprentissage. Les enfants apprennent —, et cela sans qu’on les y contraigne. On ne peut même pas empêcher l’apprentissage, tout au plus peut-on le restreindre, par l’éducation par exemple. Les enfants n’ont pas besoin d’éducation, ils ont besoin d’apprendre ; et ils apprennent aussi sans éducation. Que cela ne soit pas seulement théorique, c’est ce que nous indique la pratique de plusieurs familles, dans lesquelles dès le début les enfants ont grandi sans être éduqués.

Naturellement des enfants apprennent aussi avec l’éducation. Ce qu’elles apprennent ainsi avant toute autre chose, ce sont les règles de l’éducation : que les enfants doivent faire ce qu’on leur dit. Qu’en cas de conflit, ce qui compte ce n’est pas ce que l’enfant veut ou pense, mais ce que les éducateurs décident ! Les enfants “apprennent” en fin de compte à croire que l’éducation est indispensable. Et ce qu’on croit une fois avoir compris, on ne l’abandonne pas facilement. Ainsi, génération après génération on élève ses enfants — bien que la vie commune recèle la possibilité de relations égalitaires qui renoncent à la tutelle et à la violence.

Pour éviter encore un malentendu possible : renoncer à l’éducation, ne signifie pas de négliger l’enfant et de ne plus du tout se soucier de lui. Les enfants justement petits ne peuvent pas faire encore beaucoup de choses et sont dépendants du soutien des autres. Mais son impuissance et sa dépendance doivent-elles mener à se placer plus haut que lui, lui prescrire un but et réaliser l’acquisition de ce but si besoin par l’usage de la force ? Agit-on ainsi avec des personnes âgées, ou bien avec des personnes handicapées ? Et si c’est le cas, est-ce correct ?

Un autre aspect important : les enfants ont-ils besoin de limites ? Les partisanes de l’éducation traditionnelle répondent à cette question clairement par “oui”, quand les partisans de la variante antiautoritaire disent “non”. Les uns et les autres font l’erreur de jeter toutes les limites dans une même bassine. Il y a, en effet, deux sortes de limites qualitativement complètement différentes.

Il y a des limites agressives et il y a des limites défensives.

On met des limites défensives pour se défendre, pour se protéger des empiétements étrangers (par exemple : « Cela me dérange si tu écoutes de la musique à 3 h du matin parce qu’alors je ne peux pas dormir. »). Elles correspondent au principe : « Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres. » Ces limites de légitime défense sont pleines de sens pour une vie commune paisible. Et elles ne contredisent aucunement l’égalité des droits des parents et enfants.

Au contraire, on fixe des limites agressives à d’autres personnes pour les protéger, par exemple, “d’elles-mêmes” et les contraindre à leur prétendu bien (par exemple : « Tu ne peux pas écouter de musique bruyante parce que ce n’est pas bien pour toi ! »). Les limites éducatives sont des limites agressives. Elles ne peuvent pas être justifiées par le droit de légitime défense. À un niveau social, on trouve cette sorte de limites, de façon remarquable, en général dans les États dans lesquels les droits des personnes, les droits fondamentaux et les droits citoyens ne sont pas considérés non plus pour des adultes. Les limites agressives ont à voir avec le pouvoir, et non avec le droit (la justice) comme c’est le cas des limites défensives.

L’erreur de la prétendue éducation antiautoritaire consistait à non seulement supprimer les limites agressives, mais encore les défensives. Les enfants qui ont grandi de façon antiautoritaire étaient habitués ainsi à ne pas respecter non plus les frontières défensives des autres, ce qui mène à des conflits avec elles. Maintenant, des partisans de l’éducation traditionnelle affirment que la tentative de laisser grandir les enfants plus librement a échoué. Cependant l’éducation antiautoritaire a échoué non pas à cause des comportements antiautoritaires à l’égard des enfants, mais parce qu’elle n’a pas su renoncer à l’idée qu’on doit éduquer les enfants. Et à tous ceux qui pensent que les enfants auraient besoin d’eux-mêmes de limites auxquelles pouvoir se heurter, on peut répondre qu’il y a suffisamment de résistances auxquelles se confronter, loin des univers des certificats pédagogiques.

Cependant ne doit-on pourtant pas protéger les enfants ? On ne peut pas nier que la vie présente beaucoup de dangers. C’est valable pour les enfants et comme pour les adultes. D’une part, on peut essayer de minimiser les dangers (il ne faut pas par exemple laisser atteignables les câbles de courant non isolés). D’autre part, on peut proposer du soutien aux enfants dans des situations difficiles, les sauver au besoin et leur expliquer au calme, lorsqu’ils sont prêts à l’accueillir, que les voitures en marche et les fenêtres ouvertes peuvent être dangereuses et comment on peut se protéger des dangers. Tout cela ne se trouve pas en opposition à l’égalité des droits.

Les interdictions ne sont pas compatibles avec le principe ci-dessus exposé, concernant les limites, et elles ne constituent non plus aucune protection efficace, puisque les enfants peuvent expérimenter à tout moment les choses interdites lorsqu’ils sont seuls. Les enfants elles-mêmes ne veulent pas du tout se mettre en danger. Les interdits peuvent provoquer au contraire des réactions par lesquelles les enfants oublient leur propre sécurité, si bien qu’elles se trouvent seulement ainsi réellement en danger. En outre, des interdits ne contribuent pas à la compréhension des situations de dangers.

Fondamentalement, on devrait considérer que la protection ne doit pas mener à une restriction des droits, mais devrait proposer des moyens de prévention supplémentaires.
Il est compréhensible que des parents se fassent du souci lorsque leur fille de 12 ans n’est pas encore rentrée à la maison à deux heures du matin. À l’inverse, si beaucoup d’enfants ne reviennent que tard chez eux, c’est qu’ils ont peur de leurs parents. Informer d’avance l’autre ou appeler chemin faisant adoucirait peut-être l’inquiétude. On peut aussi proposer à l’enfant d’aller le chercher à un endroit convenu ou de payer un taxi. Cependant, on ne réussira jamais à éviter tous les dangers. Conseiller, soutenir, mettre en œuvre des moyens de prévention, non seulement donne des relations plus agréables, mais se révèle aussi plus efficace que punir, interdire et éduquer.

Dans les relations égalitaires entre parents et enfants, la question ne se pose pas du tout de permettre ou d’interdire quoi que ce soit. Chacune est prise au sérieux avec son intérêt et sa décision. L’autodétermination n’implique pas que chaque décision est rationnelle, ou qu’aucune erreur n’est faite. Ce qui est réfléchi, c’est que chaque personne peut décider pour elle-même ce qu’elle éprouve comme “son bien” ou comme enviable et comment elle se conduit. Les parents n’ont pas à apprécier le mode de vie de l’enfant. Si les parents croient que ceci ou cela serait cependant mieux pour l’enfant, ils peuvent en parler avec lui, lui proposer des renseignements concrets, l’informer des conséquences de ses actes, lui faire des propositions. Il peut bien sûr y avoir des manifestations de sympathie ou d’antipathie envers le comportement de l’enfant dans des situations déterminées, de même qu’entre adultes. Seulement les parents n’ont pas à prescrire à l’enfant ce qu’il a à faire ou à éviter — pas plus en tout cas qu’ils n’ont à le faire entre adultes.

Beaucoup de gens affirment que l’éducation est nécessaire pour inculquer des valeurs. Cependant, il est contradictoire de vouloir inculquer des valeurs, comme la non-violence ou la tolérance. En effet, au cas où un enfant ne se comporterait pas dans le sens de ces valeurs, les “éducatrices” devraient dans cette logique se montrer intolérantes, et réagir au besoin par la violence (éducative) pour imposer leurs valeurs. Dans les familles égalitaires, les enfants vivent ces valeurs dans la mesure où elles sont vécues par les autres et non parce qu’elles sont inculquées par l’éducation. Ce n’est pas par l’éducation qu’on arrive à ce que les gens acceptent les valeurs démocratiques et leur donnent de l’importance. Si un élève agit tout de même de façon démocratique, cela découle d’expériences qu’il a faites en dehors de l’éducation.

Certains pensent que “l’être humain” est mauvais par nature et devrait déjà pour cette seule raison être “mené sur le droit chemin” par l’éducation. Celui qui traite les enfants ainsi, comme s’ils étaient des monstres, doit naturellement compter qu’ils se défendent. Cette résistance est souvent regardée par les penseuses de la théorie du monstre comme de l’agressivité et leur sert de prétexte pour encore plus d’éducation et comme confirmation de leur théorie. La “nature mauvaise” des gens n’est qu’une affirmation gratuite.

Et voici encore une mauvaise nouvelle pour toutes celles qui tiennent malgré tout à l’éducation : avec l’éducation, on atteint généralement le résultat inverse de ce que l’on souhaite. Faire le contraire de ce qui est exigé, c’est souvent l’unique possibilité qu’a l’enfant de montrer qu’il décide de façon autonome ce qu’il fait. Cet effet qu’on appelle l’effet contraire pédagogique peut avoir des conséquences particulièrement graves dans des situations de danger parce que beaucoup d’accidents arrivent justement à cause des interdits. Des informations clairement humaines et concrètes — à la différence d’ordres — ne donnent à l’enfant aucune raison de résister. Dans des conditions éducatives, l’effet contraire peut être au mieux contourné ou réduit lorsque l’enfant ne s’aperçoit pas qu’il doit être éduqué ou lorsqu’on le menace de pires punitions en cas de désobéissance.

Actuellement, en effet, l’éducation est imposée le plus souvent très subtilement, alors qu’autrefois on était battu ou enfermé. Les deux variantes ne sont pas compatibles avec la dignité humaine et les droits fondamentaux de l’enfant à l’auto détermination et au libre développement de sa personnalité. L’éducation, c’est un mélange dangereux de méfiance, d’intolérance, de peur et d’hypocrisie. Des parents qui fondent la relation avec leur enfant sur une telle idée mettent en danger la possibilité d’une fréquentation basée sur la confiance.

Bien que ni éducatrices ni éduquées ne soient vraiment satisfaites de l’éducation et de ses conséquences, on continue courageusement à éduquer et on exige même plus de “courage”. Souvent par l’ignorance, beaucoup répètent l’erreur de leurs parents et élèvent eux aussi les enfants. Beaucoup de gens pensent que de nombreux problèmes de santé, particulièrement psychiques, ont à voir avec des expériences d’éducation. Et avec ce cercle vicieux qui fait des éduqués de nouveaux éducateurs, rien ne changera probablement tant que rien ne vient s’immiscer dans la transmission de la pédagogie – comme la critique anti-pédagogique.

Des enfants qui vivent de façon égalitaire avec leurs parents font l’expérience de la non-violence, de la franchise, de la tolérance ; ils sont pris au sérieux et prennent d’eux-mêmes des responsabilités. Des personnes qui ont grandi égales en droits expriment clairement qu’elles veulent vivre de même avec leurs propres enfants parce qu’elles sont contentes de cette forme de relation.

Si on ne se sent pas à l’aise dans la relation avec des enfants et ne sait pas trop si on agit vraiment sur la base de l’égalité des droits, on peut simplement se demander si on traiterait dans la même situation une amie de la même façon, et si on le trouvait correct d’être traité soi-même de cette manière.

Un refus généralisé de l’éducation ne resterait sûrement pas sans effet sur la société. Nous supposons que la disposition à la violence diminuerait, car des personnes qui vivent l’égalité estimeront probablement mieux les droits et les libertés des autres. L’énergie perdue jusqu’à maintenant dans des luttes pour le pouvoir serait libérée pour de plus belles choses et pour résoudre des problèmes jusqu’ici négligés.

Traduction réalisée par Yves Bonnardel,
avec quelques modifications mineures de Second Souffle.

Éduquer est ignoble - version allemande

Liebe Leserin, lieber Leser,

Du bist jetzt kurz davor, unseren Grundsatztext gegen Erziehung zu lesen. Uns ist klar, daß dies ein schwer umkämpftes Thema ist. Manche Feststellungen bzw. Behauptungen hören sich vielleicht zuerst ziemlich hart an. Aber nur Mut zum Weiterlesen! Wir versuchen, alles zu erklären. Die Erziehungsdefinition, von der wir in diesem Text ausgehen, halten wir weder für bösartig — wie manch einer denken könnte — noch wollen wir damit andere beleidigen. Also los!

Wir lehnen jede Art von Erziehung — auch die antiautoritäre — ab. Unter “Erziehung” verstehen offenbar aber nicht alle das gleiche. Um Mißverständnisse zu vermeiden, werden wir diesen Begriff zunächst definieren.

Sicherlich sind die einzelnen Varianten der Erziehung sehr unterschiedlich, viele widersprechen sich sogar fast völlig. Aber einige Merkmale haben alle Arten von Erziehung gemeinsam, und deshalb wird in diesem Text nicht weiter zwischen ihnen unterschieden.

Erziehung ist eine planmäßige (absichtliche) und zielgerichtete Tätigkeit zur Formung meist junger Menschen. Erziehung findet also nicht “ganz natürlich” bei jeder Kommunikation, bei jeder Beeinflussung, statt, sondern nur, wenn sich einer über den anderen erhebt und meint, ihn zu einem Ziel (hiner)ziehen zu dürfen oder zu müssen. Es gibt bei Erziehung immer ein Erziehungssubjekt und ein Erziehungsobjekt, den Ziehenden und den Gezogenen, den Erzieher und den Zögling, ein Oben und ein Unten.

Erziehung bedeutet, daß Erwachsene ihre Vorstellung darüber, wie ein Kind sein soll — wenn “nötig” auch gegen den Willen des Kindes — durchsetzen. Der Erzieher versucht zu erreichen, daß das Kind in der von ihm festgelegten Zeit zu den von ihm festgesetzten Zielen gelangt. Er stellt Ge- und Verbote auf und sorgt für deren Einhaltung, indem er nach entsprechender Androhung auch seine Machtmittel einsetzt. Das ist zweifellos eine Form von Gewalt. Die Rede von “gewaltfreier Erziehung” ist daher verwirrend und falsch.

Erziehung respektiert junge Menschen nicht. Sie hat den Anspruch, Menschen zu ändern. Eigenschaften des Zöglings, die der Erzieher als negativ ansieht, versucht er zu unterdrücken, während er “positive” Eigenschaften verstärken will. Er will entscheiden, womit das Kind in Kontakt kommt. Der Erzieher glaubt, er handele im Interesse des Kindes, so wie die Kolonialherren einst auch glaubten oder vorgaben, im Interesse der Kolonisierten zu handeln.

Erziehung ist eine manipulative Angelegenheit. Ein Erzieher geht von der Vorstellung aus, Kinder seien “machbar”. Eine solche Machbarkeits-Vorstellung widerspricht dem Geist einer freiheitlichen Demokratie. In seinem Buch “Antipädagogik - Studien zur Abschaffung der Erziehung” schreibt der Kinderrechtler Ekkehard von Braunmühl: “Der Anspruch, andere Menschen zu verbessern, zu ändern, kann durch keinen Trick der Welt mit den Ideen von Toleranz, Respekt, Vertrauen in Übereinstimmung gebracht werden. Von Demokratie gar nicht zu reden.”
Erziehung ist immer undemokratisch. Allein schon das Setzen eines Zieles, das das Kind erreichen soll, ist undemokratisch. Auch die sogenannte antiautoritäre Erziehung hält an dem Ziel fest, junge Menschen zu formen; sie sollen besonders autoritätskritisch werden. Erziehung ist immer von oben nach unten — also hierarchisch — gedacht.

Dem Erzieher stehen im wesentlichen zwei Erziehungsmittel zur Verfügung: Die Verführung einerseits (Ablenkung, Überlistung, Bestechung, etc.) und die Erpressung andererseits, also Einschüchterung durch das Androhen und Zufügen von Nachteilen.

Erziehung und ihr theoretischer Hintergrund “Pädagogik” sehen Kinder als Objekte, als zu formendes Menschenmaterial, an. Kinder sind aber keine Objekte. Kinder sind Subjekte, selbstbestimmte Lebewesen wie alle Menschen - und zwar von Anfang an. Dementsprechend muß man auch die Beziehung zu ihnen gestalten. Daß Kindern anfangs noch bestimmte Fähigkeiten fehlen (die sogenannte Ausführungskompetenz), ist dabei kein grundsätzliches Problem. Auch alte Menschen werden nicht “erzogen”, wenn sie etwas nicht können, sondern man hilft ihnen eben. Erziehung ist gekennzeichnet von Fremdbestimmung. In der Praxis bedeutet Erziehung oft, daß Kinder zu einer vom Erzieher ausgesuchten Zeit schlafen gehen müssen, sich möglicherweise mit bestimmten Freunden nicht treffen dürfen, Danke und Bitte sagen müssen, nur nach Aufforderung sprechen dürfen, zur Oma zum Besuch mitgehen müssen; sie müssen mit den Eltern zusammen essen oder dürfen es aus erzieherischen Gründen nicht, sie müssen ihr Zimmer nach den Vorstellungen der Eltern einrichten lassen, sich kämmen, sich nach dem Geschmack der Eltern anziehen und sich so benehmen, wie die Eltern es sich wünschen und so, daß sie damit vor Verwandten und Bekannten angeben können (Statussymbol braves Kind). Diese Aufzählung ließe sich beliebig weiterführen. Entscheidend ist nicht, ob diese Handlungen sinnvoll sind, sondern daß dem Kind keine andere Wahl gelassen wird. Von gleichberechtigten Erwachsenen verlangt man all dies nicht, und kommt auch kaum auf die Idee, es zu verlangen.

Aber warum tun Eltern all das? Ist ein gleichberechtigtes, also erziehungsfreies, Zusammenleben nicht für beide Seiten wesentlich angenehmer? Der regelrechte Erziehungswahn vieler Eltern, hat seinen Ursprung in der Annahme, Kinder seien erziehungsbedürftig. So weit verbreitet diese Annahme auch ist: Sie stimmt nicht. Viele Menschen verwechseln Erziehung und Lernen. Erziehung ist eine Veranstaltung des Erziehers. Lernen hingegen ist eine Tätigkeit des Kindes. Es erkundet seine Umwelt, nimmt Informationen auf. Das Kind ist Subjekt seines Lernens. Kinder lernen — und zwar ohne daß man sie dazu zwingen muß. Man kann das Lernen nicht einmal verhindern, höchstens behindern, durch Erziehung zum Beispiel. Kinder sind nicht erziehungsbedürftig, sondern lernbedürftig; und lernen tun sie auch ohne Erziehung. Daß das nicht nur theoretisch so ist, zeigt die Praxis etlicher Familien, in denen die Kinder von Anfang an, ohne erzogen zu werden, aufgewachsen sind.

Natürlich lernen Kinder auch mit Erziehung. Vor allem lernen sie dabei jedoch die Regeln des Erziehens: daß Kinder machen müssen, was man ihnen sagt. Daß es im Konfliktfall nicht darauf ankommt, was man als Kind will oder dazu meint, sondern daß die Erzieher entscheiden. Kinder “erlernen” am Ende den Glauben, daß Erziehung unverzichtbar ist. Und was man einmal verstanden zu haben glaubt, gibt man nicht leicht wieder auf. So erzieht Generation um Generation ihre Kinder - auch wenn das Zusammenleben unter den Bedingungen der Gleichberechtigung eine Beziehungsmöglichkeit ist, die auf Bevormundung und Gewalt verzichtet.

Um noch ein mögliches Mißverständnis auszuräumen: Auf Erziehung zu verzichten, heißt nicht, das Kind zu vernachlässigen, sich überhaupt nicht mehr um es zu kümmern. Gerade kleine Kinder können viele Sachen noch nicht und sind auf Unterstützung angewiesen. Aber muß Hilflosigkeit und Abhängigkeit zum Anlaß genommen werden, um sich über den anderen zu erheben, ihm ein Ziel vorzuschreiben und das Erreichen dieses Ziels notfalls mit Gewalt durchzusetzen? Macht man dies bei alten Menschen, oder bei Menschen mit Behinderung? Und wenn ja, ist es fair?

Und noch ein wichtiger Aspekt: Brauchen Kinder Grenzen? Anhänger traditioneller Erziehung beantworten diese Frage klar mit “Ja”, Anhänger der “antiautoritären” Variante beantworten sie mit “Nein”. Der Fehler, den beide machen, ist, alle Grenzen in einen Topf zu werfen. Es gibt nämlich zwei qualitativ völlig unterschiedliche Arten von Grenzen. Es gibt aggressive Grenzen und es gibt defensive. Defensive Grenzen setzt man zur eigenen Verteidigung, also um sich vor fremden Übergriffen zu schützen (z.B.: “Es stört mich, wenn du nachts um drei laut Musik hörst, weil ich dann nicht schlafen kann.”). Sie entsprechen dem Grundsatz “Freiheit, solange die Freiheit des anderen nicht eingeschränkt wird”. Diese Notwehrgrenzen sind für ein friedliches Zusammenleben sinnvoll. Und sie widersprechen auch der Gleichberechtigung von Eltern und Kindern nicht.
Aggressive Grenzen hingegen setzt man anderen Menschen, um sie zum Beispiel “vor sich selber zu schützen” und sie zu ihrem (angeblichen) Glück zu zwingen (z.B.: “Du darfst keine laute Musik hören, weil es nicht gut für dich ist!”). Erzieherische Grenzen sind aggressive Grenzen. Mit dem Notwehrrecht lassen sie sich nicht begründen. Auf gesellschaftlicher Ebene trifft man diese Art von Grenzen bemerkenswerter Weise vorwiegend in den Staaten an, in denen Menschen-, Grund- und Bürgerrechte auch für Erwachsene nicht gelten. Aggressive Grenzen haben mit Macht zu tun, nicht mit Recht (Gerechtigkeit) wie die defensiven Grenzen.

Der Fehler der sogenannten antiautoritären Erziehung war es also, nicht nur die aggressiven Grenzen abzuschaffen, sondern auch die defensiven. Antiautoritär aufgewachsene Kinder waren es somit gewöhnt, auch defensive Grenzen nicht respektieren zu müssen, was zu Konflikten mit anderen Menschen führt. Vertreter der traditionellen Erziehung behaupten jetzt, daß der Versuch gescheitert sei, Kinder freier aufwachsen zu lassen. Antiautoritäre Erziehung ist aber nicht wegen antiautoritärem Verhalten gegenüber Kindern gescheitert, sondern wegen des Aufrechterhaltens der Idee, daß man Kinder erziehen muß. Und all denen, die meinen, Kinder bräuchten allein schon deshalb Grenzen, um sich an irgend etwas reiben zu können, sei gesagt, daß es genug reale Widerstände gibt, fernab von pädagogischen Scheinwelten.

Aber muß man Kinder nicht doch schützen? Es läßt sich nicht leugnen, daß es im Leben viele Gefahren gibt. Das gilt sowohl für Kinder als auch für Erwachsene. Zum einen kann man versuchen, die Gefahren zu minimieren (Man muß z.B. unisolierte Stromkabel nicht länger aus der Wand gucken lassen, als es unbedingt nötig ist). Zum anderen kann man Kindern in für sie unübersichtlichen Situationen Unterstützung anbieten, sie im Notfall retten und ihnen in ruhiger Atmosphäre, wenn das Kind “aufnahmebereit” ist, erklären, daß fahrende Autos und geöffnete Fenster gefährlich sein können und wie man sich vor den Gefahren schützen kann. All das steht nicht im Widerspruch zur Gleichberechtigung.

Verbote sind mit dem obigen Grundsatz über Grenzen nicht vereinbar und sie sind auch kein wirksamer Schutz, da Kinder die verbotenen Sachen jederzeit ausprobieren können, wenn sie alleine sind. Kinder wollen sich auch gar nicht in Gefahr bringen. Verbote können jedoch Gegenreaktionen hervorrufen, bei denen die Kinder die Sicherheit ihrer eigenen Person übersehen, so daß sie erst dadurch in wirkliche Gefahr geraten. Außerdem tragen Verbote nicht zum Verständnis von Gefahrensituationen bei.

Grundsätzlich sollte gelten, daß Schutz nicht zu einer Einschränkung von Rechten führen darf, sondern Bedürftigen zusätzliche Hilfestellungen angeboten werden sollten.

Es ist verständlich, daß sich Eltern Sorgen machen, wenn ihre zwölfjährige Tochter nachts um zwei noch nicht zu Hause ist. Umgekehrt haben aber auch viele Kinder Angst um ihre Eltern, wenn diese spät nachts noch weg sind. Den anderen vorher zu informieren oder von unterwegs anzurufen, würde vielleicht so manche Beunruhigung mildern. Man kann dem Kind auch anbieten, es selbst oder durch andere Menschen von einem vereinbarten Ort abzuholen oder ein Taxi zu bezahlen. Insgesamt wird es aber kaum gelingen, je alle Gefahren auszuschalten. Beratung, Unterstützung oder Hilfestellung geben, haben sich nicht nur als beziehungsfreundlicher, sondern auch als effektiver herausgestellt als Bestrafung, Verbote und Erziehung.

In gleichberechtigten Eltern-Kind-Beziehungen stellt sich gar nicht erst die Frage, ob die Eltern das eine erlauben oder das andere verbieten. Jeder wird mit seinem Interesse und seiner Entscheidung ernst genommen. Selbstbestimmung bedeutet nicht, daß jede Entscheidung sinnvoll ist, oder daß keine Fehler gemacht werden. Gemeint ist, daß jeder Mensch für sich selbst entscheiden kann, was er als Glück oder als erstrebenswert empfindet und wie er handelt. Die Eltern müssen den Lebensstil des Kindes nicht gut finden. Wenn die Eltern glauben, daß Dieses oder Jenes aber besser für das Kind wäre, können sie mit ihm ja darüber reden, ihm sachliche Informationen anbieten, es über Folgen seines Handelns aufklären, Vorschläge machen. Sympathie- sowie Antipathiebekundungen für das Verhalten des Kindes in bestimmten Situationen kann und wird es natürlich auch geben, wie unter Erwachsenen ja auch. Nur vorschreiben dürfen die Eltern dem Kind eben nicht, was es zu tun und was es zu lassen hat — genauso wenig, wie das unter Erwachsenen üblich ist.

Viele Menschen behaupten, daß Erziehung nötig sei, um Werte zu vermitteln. Es ist aber widersprüchlich, Werte wie zum Beispiel Gewaltfreiheit oder Toleranz anerziehen zu wollen. Falls sich ein Kind nicht im Sinne dieser Werte verhält, müßten die “Erzieher” nämlich nach dieser Logik intolerant sein und notfalls mit (erzieherischer) Gewalt reagieren, um die Wertevermittlung durchzusetzen. In gleichberechtigten Familien erleben Kinder solche Werte, indem sie von anderen gelebt werden und nicht weil sie durch Erziehung vermittelt werden. Durch Erziehung erreicht man nicht, daß Menschen demokratische Werte annehmen und wichtig finden. Wenn ein Erzogener trotzdem demokratisch handelt, so wird dies an Erfahrungen liegen, die er außerhalb der Erziehung gemacht hat.

Einige Menschen glauben, der Mensch sei von Natur aus böse und müsse allein schon deshalb durch Erziehung “auf die rechte Bahn gebracht” werden. Wer Kinder so behandelt, als seien sie Monster, muß natürlich damit rechnen, daß sie sich wehren. Diese Gegenwehr wird von den Monster-Theoretikern oft als Aggressivität angesehen und dient ihnen als Vorwand für noch mehr Erziehung und als Bestätigung ihrer Theorie. Die “böse Natur” des Menschen ist nicht mehr als eine unbewiesene Behauptung.

Und jetzt noch eine schlechte Nachricht für alle, die trotz alledem weiter an der Erziehung festhalten wollen: Mit Erziehung erreicht man in den meisten Fällen das Gegenteil des Beabsichtigten. Das Gegenteil des Befohlenen zu tun, ist oft die einzige Möglichkeit des Kindes zu zeigen, daß es autonom entscheidet, was es tut. Besonders gravierend wirkt sich dieser sogenannte pädagogische Gegenteileffekt in Gefahrensituationen aus, weil viele Unfälle gerade wegen der Verbote geschehen. Rein mitmenschliche und sachliche Informationen — im Unterschied zu Befehlen — sind für das Kind gar kein Anlaß, Widerstand zu leisten. Unter erzieherischen Bedingungen kann der Gegenteil­effekt bestenfalls dadurch umgangen oder vermindert werden, daß das Kind es nicht mitbekommt, wenn es erzogen werden soll, oder dadurch, daß bei Ungehorsam schwerste Strafen drohen.

In der Tat wird Erziehung heutzutage meistens sehr subtil verabreicht, während früher mehr geprügelt und eingesperrt wurde. Mit der Menschenwürde und den Grundrechten des Kindes auf Selbstbestimmung und freie Entfaltung der Persönlichkeit sind beide Varianten nicht vereinbar. Erziehung, das ist eine gefährliche Mischung aus Mißtrauen, Intoleranz, Angst und Heuchelei. Eltern, die die Beziehung zu ihrem Kind auf eine derartige Grundlage stellen, gefährden einen vertrauensvollen Umgang miteinander.

Obwohl weder Erzieher noch Erzogene mit Erziehung und deren Folgen richtig zufrieden sind, wird munter weiter erzogen und sogar mehr “Mut zur Erziehung” gefordert. Vielfach aus Unwissenheit wiederholen viele den Fehler ihrer Eltern und erziehen selber Kinder. Viele Menschen sind der Meinung, daß so manche gesundheitliche, besonders psychische Beschwerden mit Erziehungserfahrungen in Zusammenhang gebracht werden können. Und an diesem Teufelskreis, der aus Erzogenen wieder Erzieher macht, wird sich vermutlich nichts ändern, solange nichts ins Getriebe der Pädagogik kommt - wie antipädagogische Aufklärung zum Beispiel.

Kinder, die mit ihren Eltern gleichberechtigt zusammenleben, machen die Erfahrung von Gewaltfreiheit, Offenheit, Toleranz; sie werden ernst genommen und übernehmen von sich aus Verantwortung. Menschen, die gleichberechtigt aufgewachsen sind, machen übereinstimmend die Aussage, daß sie mit ihren Kindern ebenso zusammenleben wollen, weil sie mit dieser Beziehungsform zufrieden sind.

Falls man sich im Umgang mit Kindern mal nicht sicher ist, ob man auf der Grundlage der Gleichberechtigung handelt, überlege man einfach, ob man in der gleichen Situation mit einem Freund so umgehen würde und ob man es in Ordnung fände, selbst so behandelt zu werden.

Ein flächendeckender Verzicht auf Erziehung würde sicher nicht ohne Auswirkung auf die Gesellschaft bleiben. Wir nehmen an, daß die Gewaltbereitschaft abnimmt, denn Menschen, die Gleichberechtigung erleben, werden vermutlich auch die Rechte und Freiheiten anderer zu schätzen wissen. Die bisher in Machtkämpfen gebundene Energie, würde frei werden für schönere Dinge und das Lösen bisher vernachlässigter Probleme.

Bingo! des phrases âgistes

Le but, au départ, était de répertorier toutes les phrases dîtes “de connards” ou “de connasses”. On faisait ça plutôt par amusement, pour le plaisir de trouver une rhétorique singlante permettant de répondre à une agression raciste, sexiste, âgiste, etc.

Comprenons-nous bien : nous n’entendons pas par “phrases de connards” que celle ou celui qui parle est une connasse ou un connard. Toute notre vie, la société agit sur nous, et il est impossible de passer à côté de toutes les oppressions qu’elle contient. Ainsi, il peut nous arriver de dire ou de penser des choses qui ont des conséquences oppressives sur d’autres, sans même en avoir conscience. L’idée du Bingo! est justement de mettre en lumière par l’absurde quelques phrases ayant un impact moralisant ou agaçant sur l’interlocuteur ou l’interlocutrice.

Ce Bingo! démontre en utilisant l’ironie la portée politique et affective des phrases de connards âgistes. Et éventuellement, donne des moyens d’y répondre.

Bingo!

Une fessée, ça n’a jamais tué personne !
… ouai. Un viol non plus…

Tu comprendras quand tu seras grande !
… tu dis ça parce que t’as plus d’arguments ou bien c’est toi qui as oublié ce que ça fait d’être enfant ?

Il faut bien que jeunesse se passe…
… et il faut bien quelques adultes pour essayer de m’faire croire que ce qui est important pour moi maintenant ne l’sera plus une fois grand.

Écoute-moi, c’est pour ton bien.
… comme quand on bombardait l’Irak pour les libérer ?
Ou comme quand on interdit aux filles de sortir pour ne pas qu’elles se fassent violer ?

T’es trop jeune. C’est pas de ton âge.
… qui l’a décidé ? Toi ou moi ?

Oui mais moi j’ai le droit parce que je suis un adulte.
… oui mais moi j’ai l’droit, j’suis un mec.
… oui mais moi j’ai l’droit parce que j’suis blanc.
… oui mais moi j’suis riche, j’ai l’droit non ?
T’assumes toujours maintenant ?

Dis bonjour à la Dame !
… changeons le contexte en gardant l’idée : suces la bite au monsieur !
Ah, tout de suite on comprend mieux qu’il y a une question de consentement !

Les jeunes ne respectent plus rien…
… à croire qu’ils ont même le droit de se défendre des adultes.

Et le respect des anciens alors ?
… si l’respect c’est de t’obéir sans réfléchir, j’te suggère la poupée gonflable.

C’est un truc de gamin…
… mmh, à ne pas confondre avec c’est un truc de pédales / de noirs / de gonzesses

Tu t’comportes comme un enfant. 
… et tu t’comportes comme un gros con.

Ne réponds pas (aux adultes) !
… alors ne m’oppresse pas s’il te plait.

Tu dis ça parce que t’es encore jeune !
… oui, tu arrives à lire l’avenir ou alors t’avais plus d’arguments ?

Sois un peu responsable, on est tous des adultes ici !
… contrairement aux enfants qui frappent leurs femmes, conduisent bourrés et donnent leur argent à la Française des Jeux.

Mais c’est comme ça qu’elle apprendra ! Comment veux-tu qu’elle apprenne sinon ?
… ok, t’as raison. Du coup j’vais la laisser dehors cet hiver pour qu’elle apprenne à construire une maison, bonne idée.

On peut plus mettre de claque, on peut plus rien faire pour éduquer nos enfants.
… tu as raison, et puis si on pouvait les torturer on serait encore plus sûr qu’ils arrêteraient leurs bêtises.

Je pensais comme toi quand j’avais ton âge…
… dommage que ton vieux con ait trahi l’enfant que t’étais.